Costa Croisières, « les croisières qui vous manquent », pour reprendre un vieux slogan de la marque… Depuis Mars, bizarrement, l’entassement dans des HLM flottant n’a plus le vent en poupe. Et Barcelone à 30 euros depuis Paris? Un petit virus, et les monuments de Gaudi (ou l’alcool pas cher et les boites de nuits) ne font plus décoller. La Thaïlande et ses bars à hotesses mineures plages de rêves non plus. Dans le métro parisien, ce qui s’affiche en 4×3 et fait tourner les têtes, c’est « venez vous ressourcer à Dinard« , « Un été historique au Puy du Fou« … On n’est pas loin de « venez voir le loup dans le Gevaudan« . Pas sûr que la moule de Plougastel soit meilleure que les Padthaï de Bangkok, mais en ces temps de Covid, il faut bien faire tourner l’économie.
Bref, cette année, après 3 mois de confinement, les Parisiens ont eu une envie de verdure. Et quoi de mieux pour prendre l’air (et le frais) qu’un petit tour à la montagne? Après tout, ça doit pas être bien plus compliqué que de monter au Sacré Coeur… Un petit tour sur google, et voilà! Le tour du Viso clef en mains, y’a juste à marcher. Suivant les options, on vous envoie un petit roadbook, ou vous partez en groupe avec un guide .Une liste de matériel recommandé est fourni, et les refuges sont automatiquement réservés, de même que les repas et les pique-niques .Refuge? Quesaco? Bah, ça doit être une sorte de chambre d’hôtes, ils ont un langage bizarre de l’autre coté du périf… Bon, pour les chaussures, on va prendre les chaussures de trail. C’est vrai quoi, elles sont top pour la nature, la preuve, je vais courir à ‘bleau 2 fois par semaine et je me suis jamais cassé la figure! Une veste de pluie? c’est bon quoi, fait 35°c, il pleuvra pas, et de toutes façons, ça séchera vite. Alors, c’est quoi ce road book? Ah, y’a des jolis dessins, avec des traits, des petits symboles, des chiffres, des couleurs! ah je sais! c’est l’ancêtre de google maps. Y’aura qu’à suivre le sentier qui ressemble à celui sur le roadbook.
Ce qui donne ensuite lieu aux situations suivantes:
« fiou, la douche était à peine tiède, c’est fou quand même!« . Bon, déjà, y’a une douche. C’est un refuge, pas un hammam…
« Dites moi, y’a encore beaucoup de dénivelées jusqu’au refuge?« . On vient de passer un panneau marqué 2300m, le refuge est à 2540, do the math Einstein.
A l’arrivée au refuge: « pfff, il est lourd ce sac!« . A la douche: « j’ai de l’huile pour friser les cheveux si tu veux, par contre je veux bien ton après shampoing! »
« On va prendre le chemin le plus court pour aller au refuge suivant, on s’est dit que c’était bien de faire une petite étape après la grosse étape d’aujourd’hui« . Ah ben c’est sûr, 6km par rapport à 10, c’est plus court. Mais t’as oublié les 600m de dénivelés supplémentaires, les deux pierriers et les echelles…
En rentrant dans le refuge, amenant ses baskets trempées devant le poele: « olala, on est tout mouillés, vous êtes pas trempés vous?« . Non, nous on a mis une veste et on a des chaussures, pas des pantoufles à crampons.
« ah, vous avez que des lits 2 places? Mais y’a pas de couples dans le groupe, vous n’auriez pas des lits 1 places plutôt?« . C’est un refuge, pas un hotel… Et puis ça tient plus chaud que le petit sac decathlon ^^
« gneuh comprend paaaas, j’arrive pas à voir la carte et j’ai plus de batterie sur le téléphooone, zauriez pas une prise et le wifi? »
Je passerai sur les scènes merveilleuses du couple qui se fait photographier avec Pepette, canidé plus proche de la saucisse sur patte que du digne héritier de Croc-blanc. Pensez-vous, le pauvre se serait certainement fait bolosser par les chats au chenil, mieux vaut trimbaler le précieux à 3000! et puis pisser sur les cairns ça le change des lampadaires…
Bon allez, assez de ralouilleries, au prochain épisode je vous parlerai des joies des Rolling Stones. Et on va pas parler musique!
