« hé hé, on se fait un 3000? Y’a un tas de cailloux pas loin du viso qui a l’air bien! »
« ah ouaiiiis, on peut faire une boucle, y’a une course d’arrête facile pour descendre! »
« vendu! »
C’est après cette brillante réflexion que nous avons ajouté au programme de la semaine dans le Queyras l’ascension du Mont Granero. Avec un nom à mi-chemin entre le Granita et le Corneto, ce n’est pas l’aspect glacé qu’il faut retenir de cette montagne, mais plutôt le coté craquant et granuleux. Pourquoi? La géologie du Queyras fera l’objet d’un autre article, mais retenez que la montagne se rapproche plus du gros tas de cailloux empilés les uns sur les autres qu’au solide roc inébranlable.
Allez, c’est parti pour une petite découverte de l’alpinisme pour les noobs.
Alors l’alpinisme, c’est quoi? L’idée, c’est de voir une grosse montagne, et de monter dessus. Quand on n’a besoin que de ses pieds et ses chaussures, on appelle ça de la randonnée. Quand ça nécessite d’utiliser autre choses (cordes, crampons, prière à St Pierre…) pour monter et redescendre en un seul morceau (et vivant), on appelle ça de l’alpinisme.
Dans le cas qui nous intéresse, la montée s’effectue dans un pierrier. Qui devient suffisamment raide pour avoir besoin de ses mains. Et dans lequel les chutes de pierres sont une probabilité non négligeable. Selon notre définition, nous abordons les débuts de l’alpinisme.
Comment se prémunir face à ces dangers? Déjà une petite initiation à l’escalade n’est pas du luxe. Les notions d’équilibres et les techniques de base de la grimpe vous seront d’une grande aide pour franchir des blocs de roches de 2m de hauts.
Un casque aussi. Il ne vous sauvera probablement pas si un pavé de 2 tonnes décide de partir en ballade, mais ça devrait vous sauver la mise pour le calot décroché au dessus par un mesquin bouquetin.
Et puis des neurones. C’est bien les neurones. ça permet d’éviter de tirer comme un âne sur un empilement façon jenga qui n’attend plus qu’un couillon enlève la mauvaise brique pour vous tomber dessus. Donc on avance prudemment, on observe, on teste si ça branlicote (cf « le parler lyonnais » pour la définition exacte du terme), et si tout va bien, on avance.
Dans certains cas, les choses peuvent se corser un peu. Quand il y a 300m de vide au bord du sentier par exemple. Une prise qui lache, une crampe, le parpaing du joyeux bouquetin, et vous êtes bon pour vérifier par l’exemple les lois de Newton. Ducoup, commentquonfait?
C’est là qu’interviennent les instruments de tortures principaux de votre dos: corde, baudrier, dégaines, coinceurs et autre bidules clinquants et pesants. Parceque oui, même si le passage ne représente que 300m sur une rando de 10km, il faudra vous taper les 5kg de matos, et plus si affinité. Et oui, mieux vaut mettre le même slip pendant 6 jours pour pouvoir caser le matos de protection dan sle sac à dos que de se retrouver à tenter le diable sur des corniches foireuses.
Maiskékecé un coinceur? Un coinceur, c’est un bidule en ferraile, qu’on coince dans une fissure de la falaise. Et si c’est bien coincé, on peut y (cf « le parler roannais et lyonnais ») accrocher sa corde. Comme ça si on tombe, on reste coincé. Et vivant. Ce qui est quand même plutôt chouette.
Et le Monte Granero dans tout ça? Et ben c’était une très belle initiation. L’avantage de l’alpi, c’est qu’on se retrouve rapidement sur des itinéraires moins fréquentés. Ce qui nous a valu de voir un tas de bouquetins, de botaniser des plantes d’un haut intérêt alcoolique, et d’avoir une vue imprenable sur le viso!
Je vois que tu continues à alimenter ton blog
Sympa même en France
Bises à vous deux josyne