Worms armageddon

Le parc national du Tongariro est connu pour ses paysages somptueux, pour son crossing de 20km au milieu des volcans et des lacs, sa fameuse Montagne du Destin et ses plaines désertiques ayant servies au tournage du Seigneur des Anneaux, ou encore pour sa station de ski.

Mais toute médaille a son revers, et c’est également le lieu de convergence de milliers de touristes, et cela s’accommode mal avec l’envie de faire communion avec la nature que la majesté du lieu nous amène à souhaiter. Il est évidemment possible de découvrir les lieux de nuit (voir précédent article), mais il existe également un lieu moins connu du Tongariro, et ainsi beaucoup moins fréquenté, mais tout aussi majestueux. Éclipsée par sa grande soeur de Waitomo, Okupata Cave n’en est pas moins un chef d’oeuvre de la nature. Avec 25km de tunnels et une rivière souterraine, il y a de quoi se perdre!

L’accès à la grotte est gratuit, et il ne figure pas sur les guides touristiques. Le DOC la référence cependant sur son site, et des panneaux (discrets) la flêche depuis la SH47. Il faudra cependant faire preuve de courage ou avoir un 4×4, car la oute n’est pas entretenue, et il s’en faut de peu pour y laisser le carter de la voiture de location. 11km de piste pourrie, et on arrive devant un petit panneau: Okupata Cave. Un petit sentier descend au milieu de la forêt primaire, et tel Bilbo on s’émerveille des merveilles de la nature, des arbres qui poussent sur d’autres arbres, des fougères arborescentes et du chant des Tuis. Au bord de la rivière, la mousse recouvre tout. Et la falaise avale la rivière. Et comme si les trolls de pierre bordant le lit prenaient vies, on s’enfonce dans les entrailles de la terre.

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La descente vers la rivière

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le lit chaotique des trolls de pierres

A quatre pattes, s’étendant comme une araignée de pierre en pierre au milieu de l’eau avec une technique que Gollum n’aurait pas reniée, on passe le premier goulot. Et là, ce n’est plus dans l’antre sombre et ténébreuse de Sméagol que l’on se trouve, mais dans un lieu féerique aux milliers de lumières bleutées, serpentant dans les couloirs d’une cathédrale de pierre creusée par les eaux. Mais ce ne sont pas les elfes qui habitent ici, mais les Glow Worms. Oubliez les oreilles pointues et les cheveux blonds, les glow worms sont, pour simplifier, des tas de gélatine allongés qui brillent.

appétissant n'est-ce pas?

appétissant n’est-ce pas?

Les titiwais, comme les appellent les maoris, sont des larves d’insectes mangeuses de champignons. Jusque là, pas trop de différence avec les elfes. Là où ça se corse, c’est que les larves ressemblent plus à un reste d’éternuement qu’à une jolie chenille. Pas facile de vivre dans le monde extérieur dans ces conditions. Les petites bestioles ont alors trouvé refuge dans des grottes, et se nourrissent de moustiques qu’elles attirent grâce à la lumière qu’elles émettent.

le repas est servi!

le repas est servi!

Elles fabriquent également des filaments de perles de glue sur lesquels se collent leurs proies. On retrouve ainsi les bestioles dans les grottes humides dont les environs sont propres à la prolifération des nuisances piquantes, avec de préférence un petit courant d’air pour que ces dernières soient amenées plus facilement jusqu’à leurs pièges.

les pieds dans la grotte, la tête dans les étoiles

les pieds dans la grotte, la tête dans les étoiles

Les créationnistes diront qu’un tel niveau d’élaboration ne peut être le fruit du hasard: pour que ça marche, il faut le bon endroit, le bon niveau de lumière, faire des filaments etc etc… Les partisans de la théorie de l’évolution répondront qu’il fallait être méchamment défoncer pour créer  un tas de morve phosphorescent qui pond de la glue au bout d’un fil. Mais devant tant de beauté, le doute m’habite.

 

c'est beau.

c’est beau.

Evidemment, le spectacle a l’air d’être un régal pour le photographe. Mais c’est également le pire des cauchemars. En premier lieu, la lumière émise est très faible. Il faut donc une pose longue ou un appareil spécialement sensible. Oui, mais non, parceque si la pose est trop longue, la bestiole est cramée. Et si elle est trop courte, on ne voit pas le décors. Il faudrait donc un appareil avec une très forte dynamique. Une paille quoi. Ajoutez à celà que l’animal se déplace! Donc en cas d epose longue, il sera nécessairement flou, de même que les filaments, très légers, et qui bougent au moindre flux d’air, que la rivière ou même notre corps ne manquera pas de produire. Ajoutez à celà le plaisir de faire la mise au point dans le noir, et le tableau est presque complet. Presque, parceque pour les gros plants, les bestioles ont le bon gout de s’éteindre au moindre stress ou en présence de lumière. Donc si on éclaire pour faire la mise au point, le sujet coupe les feux, et il n’y a plus rien à voir.

le plus gros plan que j'ai réussi à faire de la lanterne...

le plus gros plan que j’ai réussi à faire de la lanterne…

La difficulté du sujet est telle que Canon s’en est servi pour faire il y a 2 ans la promotion d’un tout nouveau capteur ultra sensible. Un photographe a reçu l’an dernier le prix National Geographic pour un timelapse réalisé dans une grotte avec le dernier né des Canon haut de gamme. Bref, une vraie partie de plaisir!

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Moi, je me suis contenté d’une petite visite virtuelle et de quelques photos floues, et surtout du spectacle merveilleux de ce monde sous-terrain!

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1 Response

  1. Popa dit :

    Absolument fabuleux !
    Faut pas demander où se sont inspirés les auteurs d’Avatar :
    http://www.lecinemaestpolitique.fr/wp-content/uploads/2012/08/avatar02.jpg
    Mais toi au moins tu n’es pas dans le virtuel !

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