Jour 6: choucroute-saucisse

Jour 6:

Distance: 12km

Durée: 3h50

Dénivelée: 250m

Ayant sorti le Pyke sans prendre de retard, et étant de retour sur des sentiers plus praticables, nous avons décidé hier soir de doubler l’étape du jour, afin de gagner une journée pour la remontée en voiture vers Picton, pour pouvoir faire un peu de tourisme en route. Ce matin, nous nous levons donc avec un gros défi: au moins 20km à s’envoyer.

Il pleut. Morane aussi veut reprendre son chemin en sens inverse aujourd’hui, mais elle ne sait pas si elle va doubler l’étape ou pas. Elle nous a aussi dit que pas loin de la hut, il y a une colonie de phoques. Personnellement, les phoques, j’en ai eu ma dose les années précédentes, et je n’ai pas trop envie d’aller me mouiller pour aller voir des tas de graisses prendre une douche au lieu d’un bain. Laurent, lui, est très motivé, et décide d’y aller. Morane part devant direction sa prochaine étape. Et moi je gagne 3/4 d’heure de dodo.

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Au retour de Laurent, il pleut toujours. Les anglishs sont partis prendre leurs bateaux en laissant un peu de bordel sur place. Goretex sur le dos, les fringues lavées d’hier soir toujours mouillées mises à « sécher » sur le sac à dos, nous nous lançons. Un vrai sentier, ça fait du bien aux pieds. La petite bruine et le plafond bas donne une toute autre ambiance au lieu; Les glaciers d’hier soir ont disparus, les fougères resplendissantes. La lumière tamisée donne une couleur verte fluo à la forêt. Et là on se rend compte que l’on est dans le coin le plus humide du monde. A un moment, nous croisons un allemand. Comment je sais? Il n’a pourtant pas parlé. Mais je suis désolé, un gars qui vient de s’envoyer plus de 60 kilomètres en sandales, c’est un allemand. Et vous savez quoi? En sandales, short, avec un poncho 1er prix recouvrant son énorme sac à dos, il n’avait pas l’air heureux. Il n’a même pas répondu au « hello ».

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Pause bonbon

La progression est facile, nous croisons également le terrain d’aviation, un des seuls endroit où nous hésiterons pendant plus de 30 secondes sur le chemin à suivre.. Le sentier débouche sur un bout de la piste, et au lieu de continuer tout droit, il faut remonter toute la piste dans sa longueur pour retrouver le chemin de l’autre coté. Il y a bien un panneau, mais la visibilité est limité à moins de 50m, difficile de l’apercevoir de l’autre coté.

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vous le voyez le panneau?

Par moment, nous longeons l’embouchure du lac McKerrow, la seule difficulté jusque là, les pieds s’enfonçant largement dans le sable grossier. Nous passons devant Jamestown, une ancienne colonie établie par le gouvernement à la fin du 19ème siècle, dans le but d’exploiter les ressources locales et de produire du bétail. Il devait y avoir une route créée depuis l’intérieur du pays vers la colonie, ainsi qu’une voie maritime passant par l’océan; Sauf que le premier bateau à aube à remonter l’embouchure en transportant une partie des colons s’est abimé sur un récif et a coulé à proximité du lieu d’établissement de la colonie. Les colons s’en sont sortis vivants mais mouillés en perdant une bonne partie du matériel. Le suivant s’échouera, et seuls les petits bateaux légers, aux capacités de transport limitées feront désormais la liaison (peu régulière) avec le monde extérieur. La route n’arrivera jamais (le prochain article devrait éclairer le sujet). La colonie, isolée et bouffée par les sandflies, périclitera petit à petit pour disparaître au début du 20ème siècle.

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Nickel pour tester la nouvelle veste Gore-Tex

Peu avant d’arriver à la hut, nous rencontrons la rivière Hokuri, qui se jette dans le lac. L’embouchure est large, plusieurs centaines de mètres, et il est difficile de savoir si c’est traversable à pieds, même si ça a déjà été fait. Un chemin alternatif offre de traverser sur un pont de câbles, en remontant un peu l’embouchure.

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Il est où mon glacier?!

Bon, ok, le « un peu » fait remonter sur presque 3 kilomètres, avec 200m de dénivelés, mais ça, c’était pas précisé.

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Pas de longes: celui qui tombe, il est bon pour un bain!

Après ce « petit » détour, nous redescendons vers le lac, avant de nous enfoncer à nouveau dans la forêt. Nous tombons alors sur un arbre tombé, sur une pente assez prononcée, seule vrai difficulté de la journée.

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On a retrouvé les panneaux manquants sur le Pyke!

Sur terrain humide, après presque 4h de marche et juste avant de manger, c’est encore plus difficile. Et enfin, nous arrivons à Hokuri hut, avec un peu de retard sur le planning; Nous y retrouvons Morane, en discussion avec un allemand qu’elle a croisé quelques jours plus tôt et qu’elle a devancé en doublant une étape. Il nous apprend qu’il a laissé ce matin un groupe de 4 allemands, qui n’étaient pas levés quand il est parti, et il ne sait pas s’ils font demi-tour ou s’ils viennent ici.

 

D’après les infos de Morane, la deuxième étape commence par un passage compliqué d’avalanche d’arbres, puis le sentier monte et descend en permanence. Il pleut toujours, on est un peu en retard sur le programme car avec les phoques nous sommes partis plus tard que prévu. La hut est confortable, il y a de la lecture, une jolie vue… On se dit qu’on va s’arreter là pour aujourd’hui, et qu’on doublera l’étape demain.

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Après une petite sieste, je vais faire un petit tour profiter de la volière qui sert de forêt autour de la hut. Il y a des oiseaux partout, des cui-cuis dans tous les sens. En plus, dans la hut, il y avait un papier du DOC récompensant de 10 000nzd toute personne qui arriverait à prendre en photo un perroquet ultra-rare. Alors je tente ma chance! Bon, je ne l’ai pas trouvé 🙁

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Pleins d’oiseaux, mais pas de perroquets à 10 000 dollars

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Lorsque je rentre, vers 17h3à, nous envisageons de nous faire un petit thé, histoire de bien se détendre, lorsque 3 jeunes allemands entrent dans la hut. Ils sont exténués, et s’écroulent par terre. Leurs sacs n’a pourtant pas l’air si gros. Et ils ne viennent que de la hut suivante, 10km plus loin. Même si c’est le Demon Trail, d’après Morane, ça casse pas trois pattes à un canard non plus… Bon; Ils n’ont pas l’air de trop vouloir discuter. L’un d’eux est déjà en train de dormir. Un autre mange un fruit (bon sang, mais ils ont encore des fruits frais après 3 jours de marche?!). nous vaquons à nos occupations, et les laissons tranquilles. Cependant, alors qu’ils discutent avec un autre couple arrivé un peu plus tôt dans l’après-midi, nous nous rendons compte qu’il s’agit en fait du groupe de 4 allemands dont parlait celui de midi. Et qu’il en manque un. Il est 19h45, le soleil se couche dans moins d’une heure. On leur demande où est passé leur copain; Apparemment, ils sont partis devant un peu après la pause de midi, et ne l’ont pas revu depuis. Ils ont mis 4h pour arriver à la hut à partir de cette pause, pour parcourir 5km environ (!!), et ça fait 2h qu’ils sont arrivés; Alors soit leur collègue est croisé avec un escargot asthmatique, soit il est coincé quelquepart; Il y a notamment l’avalanche d’arbre dans laquelle il aurait pu se blesser; Ou juste glisser. Enfin bon, avec le soleil qui va pas tarder à se coucher, il faudrait envisager de le retrouver, ça craint. Nous faisons part de notre inquiétude aux allemands. Ils rigolent, et manifestement, s’en foutent, « trop fatigués » pour repartir. L’envie de leur coller des baffes fait surface; Mais bon, tact, et délicatesse, tout ça tout ça. Ducoup avec Morane on commence à se préparer un sac vite fait et à attraper les chaussettes pour aller chercher le gars. Au moment de sortir, le blondinet fait finalement son apparition. L’hypothèse de l’escargot asthmatique était finalement la bonne!

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C’est l’heure de manger. Backcountry pour nous, nouilles chinoises pour Morane, riz pour l’autre couple…. Et spaghettis bolognaises en boites (froides) pour les allemands. Plutôt que d’acheter un réchaud, ils ont remplis leurs sacs de conserves (on comprend maintenant pourquoi ils sont petits, mais ultra-lourds, 6 jours de conserves! plus des fruits!), avec en prime un ouvre-boite de compétition qui doit bien peser 500 grammes à lui tout seul. Bref.

Nous passons la soirée tranquillement, jouant aux devinettes (touche ça touche pas, mais ça touche pas ça touche!), et nous couchons tôt. Demain, c’est sûr, on double l’étape!

 

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orchidée « Ropeka »

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